Les cancans littéraires
Alors que je finissais de relire, après bien des années, Les Femmes savantes de Molière, je suis tombée sur un échange bien surprenant entre un spécialiste de cet auteur (Georges Forestier, éminent penseur littéraire), et un metteur en scène (Jean-Marie Besset). Ce dernier donne une lecture bien particulière de la fin de vie de Molière : il estime que celui-ci, après une déception amoureuse avec Armande Béjart, serait tombé amoureux de son acteur fétiche...
Je trouve les arguments de Forestier fort solides, surtout concernant la tendance à interpréter les oeuvres en fonction de la vie supposée d'un auteur. Cependant, il faut reconnaître que la vision de Besset a de quoi surprendre, et que l'on s'enflamme sur une telle question, totalement subsidiaire (honnêtement, on s'en fiche de savoir si Molière aimait les navets ou les carottes, non ?) et superfétatoire, m'amuse.
Dans un tout autre genre, j'ai entendu parler d'un Tumblr, celui des boloss des belles lettres. Des jeunes gens tout à fait sérieux se sont mis à résumer de grandes oeuvres littéraires dans le langage actuel, celui de la rue. C'est parfois difficile à lire, mais l'idée est croustillante. D'autant plus quand ils demandent à un certain Jean Rochefort, âgé de 85 ans, de jouer leur texte sur Madame Bovary... Je ris à chaque fois que je regarde ces trois minutes totalement décalées. C'est drôlissime.
J'aime à savoir que la littérature n'est pas sclérosée, fixée dans la naphtaline, et que l'on peut rire d'elle. C'est aussi la respecter, d'une certaine façon, que de la bousculer, avec la manière. Et puis, je m'avance sans doute, mais je crois que Flaubert aurait adoré ce résumé !