Le silence est d'or ?
Durant mes très longues heures de voyage passées entre Paris, Hong-Kong et l'Indonésie, j'ai eu l'occasion de visionner quelques films. L'un d'entre eux, que je voulais voir au cinéma, m'a plus marquée que les autres. Il s'agit de Woman in gold, avec Helen Mirren dans le rôle titre.
Inspiré de faits véridiques, l'histoire se déroule des dizaines d'années après la Seconde Guerre Mondiale. Sans trop savoir pourquoi exactement, je suis très sensible à ces sujets autour de cette période historique, et à ces questions sur l'humanité et l'inhumanité...
Une famille juive autrichienne, extrêmement cultivée et riche, a été spoliée de toutes ses oeuvres d'art, dont des toiles de Klimt. La plus célèbre est le portrait de la tante de Maria Altmann, Adele Bloch-Bauer. Exposée au musée du Belvédère en Autriche, la toile de 1907 est l'objet de tous les débats, puisque les autorités autrichiennes ne veulent pas la rendre.
La lutte de Maria Altmann et de son jeune avocat, descendant du compositeur Schönberg (lui-même juif autrichien), prit des années. Outre le côté "anecdotique" de ce combat, j'ai été particulièrement touchée par le jeu de Helen Mirren : elle est digne, drôle, émouvante. Plusieurs analepses sont très réussies, et expliquent fort bien le déroulé de ces spoliations, l'humiliation subie, et la ferveur de beaucoup d'Autrichiens au moment de l'Anschluss. Toute la famille Altmann a été décimée et Maria a décidé d'obéir à son devoir de mémoire en rétablissant la vérité.
Celle-ci eut un coût, évidemment. Je ne parle pas d'argent, mais de la douleur ressentie par ces survivants. Faire remonter le passé, brasser la boue immonde, affronter la réalité en face, et redonner vie aux morts : c'était le prix à payer pour voir aujourd'hui le tableau de Klimt dans une galerie new-yorkaise.
Maria Altmann est morte en 2011. Avec toute sa dignité. Et son histoire.