Maddison and so on
Aux Etats-Unis vient d'être diffusé le dernier épisode de la saison 7 de la série Mad Men. De nombreux articles en ont parlé, et il y a même eu une couv' des Inrocks sur le phénomène en avril.
J'ai évité au maximum d'avoir des informations sur cette fin qui, paraît-il, chamboule tout. J'ai commencé à regarder cette série au délicieux glaçage il y a environ deux ans. J'ai enchaîné à une époque les trois premières saisons en DVD. Actuellement, je suis au beau milieu de la saison 5, et je fais durer le plaisir.
Car, finalement, c'est bien à cela que se résume Mad Men : faire durer. Nombreux sont ceux qui disent que le vrai sujet n'est pas la publicité, ni l'histoire sociale américaine, ou encore moins les rapports entre les sexes. Non, le grand sujet est le temps. Celui qui défile, irrémédiable, et transforme nos vies soit de façon fulgurante, soit de façon insidieuse.
Les héros de la série observent de loin ce monde qui les entoure, et assistent parfois, déconcertés, aux "grandes révolutions" : l'assassinat de JFK, l'arrivée des Stones et des Beatles, la révolte des Noirs américains, les élections présidentielles, la guerre du Vietnam... Et puis ils changent eux-mêmes : ils vieillissent, ont des enfants, divorcent, se remarient... comme nous tous. Parfois, on entend des critiques reprocher à cette série sa lenteur, voire sa monotonie, mais c'est là, à mon sens, tout son charme. Il y a quelque chose de fascinant à observer le temps défiler sur cette Amérique des années 60 et 70 (la série s'achève en 71).
Par ailleurs, c'est un vrai bonheur de découvrir les robes, les coiffures, les costumes des uns et des autres; de voir les intérieurs des appartements changer, comme par enchantement.
Quant aux acteurs et aux dialogues qui leur sont offerts sur des plateaux d'argent, il n'y a rien à leur reprocher. Mon héroïne préférée : Joan Holloway, la secrétaire. Cette rousse sulfureuse, qui a tout de la bombe atomique et semble superficielle, est d'une profondeur troublante. Finalement, j'aime sa fragilité sous ses airs assurés, et ses répliques cinglantes.